lundi 10 novembre 2008

Quelques extraits en français du livre de M. Ali BATTACHE sur Cheikh Aheddad


La proclamation de Cheikh Aheddad au souk de M’cisna à Seddouk

Le 08 avril 1871 au marché de M’cisna, à Seddouk, une assistance composée de milliers de personnes dont, les fidèles de la tarîqa Rahmaniya, se réunissent.Alors cheikh Aheddad quitta sa kheloua où il méditait et priait. S’appuyant sur les épaules de ses deux fils Aziz et M’hamed, entouré par les moqaddems, avec sa modestie légendaire, il se montra à la foule qui était enthousiaste à l’idée du djihad. Cheikh El Haddad a tenu à être à côté de ses frères, en dépit de son âge avancé (80 ans) et sa santé fragile. Ce défi pour sa maladie témoignait d’un grand stoïcisme ainsi que d’une résolution inébranlable de mettre fin à la convoitise des colons .On outre dans ces circonstances, la religion ne se sépare pas des obligations légitimes de la société, notamment le sort de sa patrie. Il avait confiance en son peuple et savait qu’il prendra en charge l’insurrection pour défendre sa foi, son attachement farouche à la terre et aux valeurs de l’islam.

Après avoir dirigé la prière du dohr, il se mit en face du soleil et entama son discours d’une voix chaude et envoûtante :

« Le Français est là, nous devons le combattre. Nous n’avons pas d’autres choix. L’heure est arrivée pour nous débarrasser de ceux qui veulent semer dans nos rangs la division et la haine… Il n’y a que les lâches hésiteront. Unissez-vous pour combattre ceux qui ont osé porter atteinte à l’honneur de notre pays. Nous devons dépasser les luttes intestines et les calculs mesquins car la question est d’une extrême urgence (Rray damcum ilaq at nekdem… Soyez vigilants avec les alliés de la France, coupables d’injustices sur le peuple ; combattez-les étant donné qu’ils seront à l’avant-garde des Français pour nous écraser. Evitez de piller, de brûler ou de commettre des dépassements, cela nous nuira.N’ayez pas peur mais armez-vous de foi et de bravoure, soyez prêts à mourir. Avec l’aide d’Allah, le tout-puissant et la bénédiction de notre prophète Mohamed, nous jetterons les Français à la mer qu’elle avait empruntée, comme je jette ma canne à terre».

Cet appel aura un écho large : il a enflammé les esprits et allumé le feu de la révolution dans les cœurs. La voix retentit d’El Haddad à travers les montagnes pour aller jusqu’aux plaines et au Sahara, et partout où s’étendait l’influence de la confrérie Rahmaniya. Les gens se précipitèrent à prendre les armes, du fusil au sabre en passant par la hache pour défendre avec conviction la cause qui consiste à exclure l’envahisseur en bravant la mort.

L’insurrection se propagea, embrasant de vastes régions du pays. La panique s’empara alors des Français qui quittèrent les régions isolées pour se concentrer dans les grandes villes fortifiées en renforçant leurs effectifs.

Les deux fils du cheikh entamèrent l’action tambour battant :ils envoyèrent des émissaires transmettre le message du cheikh, ce que fit cheikh M’hamed au souk d’Ath Idjer et de Larbaâ Nath Irathen où il invita tous les musulmans à faire la guerre aux Français.

Le discours pertinent de cheikh El Haddad au souk de M’cisna eut un impact considérable sur ses concitoyens vu sa pertinence sur le plan politique, car il était question de susciter l’intérêt des concitoyens sur ce qui est le leur, que ce soit la terre spoliée ou la religion menacée et ainsi sauvegarder les composantes de l’identité nationale.

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